Catherine Cachot
Carnets de recettes
Il existe bien des moyens de se raconter. Être biographe, c’est chercher ce qui conviendra le mieux à qui souhaite transmettre son histoire.
La saveur des souvenirs
Tanh Hoa Nguyen, restauratrice à Bordeaux, souhaitait un texte court, à l’attention de ceux qui étaient curieux de l’histoire de son restaurant. Une façon de revenir sur un parcours qui ne la destinait pas à la cuisine. Ainsi est née l’idée d’un « carnet de recettes » afin d’évoquer ses souvenirs, entre le Viêt Nam et la France.
Quelles recettes étaient associées aux différentes périodes de sa vie ? Qui les cuisinait ? Où ? Quel goût, quel aspect ces plats avaient-ils ? Les évoquer, c’est se réunir autour de la table pour retrouver le goût du pays perdu. C’est aussi inventer les plats qui disent le chemin parcouru. Les bahn-têt cuisinés pour le Nouvel An, le crabe à la sauce tamarin, la garbure aux allures de soupe phô sont autant de jalons dans l’histoire de cette dynastie de cuisinières.
Trois générations, trois femmes, trois recettes
Entre le Viet Nâm et Bordeaux, des tours des Aubiers au quartier Saint-Michel, trois générations se sont succédé aux fourneaux.
« Chaque génération a cuisiné à sa manière : virtuose et insurpassable pour ma grand-mère, épurée et incroyablement juste pour ma mère. Et nous ? On peut parler d’une dynastie de cuisinières : nous en avons presque toutes fait notre métier mais comparaison s’arrête là. Nous ne mangeons pas la même chose, il y a aujourd’hui un peu de France dans mes casseroles. J’aime passer du temps à table alors que ma grand-mère et ma mère restaient debout sans jamais s’asseoir. J’aime m’amuser. Mettre de l’os à moelle dans la garbure. Me tromper parfois, mais quelle importance ? »
Nos échanges ont donné naissance à un carnet d’une trentaine de pages, où les souvenirs alternent avec les recettes. Une façon originale et savoureuse de transmettre son histoire.