Chantal Le Nédic
Couleurs irlandaises…
Comment faire revivre les événements du passé ? Parfois, une photo suffit, le voyage prend forme et suit les méandres des souvenirs. Claire est d’origine irlandaise. Quand nous avons commencé sa biographie, elle aimait me parler de sa famille et de son enfance passée dans un petit village niché dans la campagne bretonne.
Nostalgique, mélancolique, je lui ai proposé de retrouver des photos de cette enfance heureuse. Un jour….
Une photo de mariage
Je suis heureuse, j’ai retrouvé la photo de mariage de mon parrain, Daniel. Sur la photo, j’apparais juste derrière lui, je souris, coiffée de boucles anglaises, portant un ensemble vert pomme à carreaux et un manteau rouge orangé en laine bouclée avec de gros boutons noirs. En regardant cette photo, je me demande pourquoi j’avais choisi de marier ces deux couleurs, le vert et le rouge orangé. Avais-je des prédispositions pour le métier de peintre ? Mon œil percevait-il les nuances du cercle chromatique ?
Sa vocation de peintre naturaliste
J’aime les couleurs vives. Mon professeur de dessin me l’avait fait remarquer quand il nous avait rendu le devoir de classe. J’avais peint un canard, un col-vert avec un long bec blanc en forme de cuillère, paré d’une gorge aux stries jaunes et rouge orangé.
Les origines
Ce qui me bouleverse quelques décennies plus tard, en regardant cette photo, c’est de retrouver l’enfant que j’étais qui vénérait les premières fleurs du printemps, les primevères, les jonquilles, les narcisses ou le camélia, mais aussi les roses, les rhododendrons et les hortensias qui illuminent nos étés bretons, réminiscences d’une enfance passée à jouer dans les prés et les futaies de la campagne morbihannaise. Mais de toutes les fleurs, celle qui fait mon bonheur, c’est le coquelicot avec sa couleur rouge orangé et la finesse de son pétale qui rappelle la douceur de la soie. Quand au printemps, je la regarde s’épanouir au creux de ma prairie fleurie de trèfles verts, je rêve que je suis en Irlande sur la terre de mes ancêtres.
Claire a posé des mots sur ses maux, je la sens heureuse d’avoir évoqué les étapes de ce voyage. Pour les autres chapitres, nous avons procédé de la même façon, une photo et le texte à suivre. Tout y est, le voyage est accompli !