Pascale Bigard
De l’autobiographie à la biographie d’entreprise
« Comment les souvenirs personnels de Pierre Poisin se déploient peu à peu pour raconter une filature, des hommes, un village, des paysages. »
Un conteur né
Pierre Poisin souhaite écrire ses Mémoires pour les transmettre à ses petits-enfants. Il me donne rendez-vous dans la vaste maison familiale, au cœur des Ardennes. Son accueil est chaleureux, le courant passe immédiatement entre nous. Il est doué pour raconter, et je resterais volontiers à l’écouter des heures durant.
La filature familiale
Il évoque son enfance insouciante dans la grande propriété, ses jeux près de la rivière avec les copains du village, le va-et-vient des tracteurs en été, le clic-clic des métiers à filer, les odeurs de lin. Il se souvient des ouvriers, souligne leur professionnalisme et leur disponibilité pour le petit garçon curieux qu’il était.
Puis survint la crise du textile et ce fut la faillite : le licenciement des ouvriers, le brusque silence de la filature, le désespoir des ouvriers, l’abattement du village.
Mais Pierre Poisin n’avait pas dit son dernier mot. Il avait un honneur à sauver : celui de son père, celui des ouvriers et du village. Avec deux associés, il a repris la vieille filature qu’ils ont modernisée et rendue prospère. Pierre Poisin raconte les équipes qui se reforment, le village qui reprend vie, les paysages qui se couvrent à nouveau du bleu délicat des fleurs de lin.
Un livre choral
Tout en me parlant, une idée lui vient : pourquoi ne pas rencontrer ses deux associés, et aussi les anciens ouvriers qui sont restés au village, pour qu’ils me racontent à leur tour ? Les Mémoires de Pierre Poisin se transforment en la biographie d’une entreprise, d’un métier, d’un lieu…