Pascale Bigard biographe Lyon


Pascale Bigard

Dyslexique et écrivain

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Certains biographes sont aussi correcteurs-relecteurs. Ils permettent à des écrivains amateurs de perfectionner leurs textes pour les faire exister en tant qu’œuvres.

Une bouteille à la mer

Une nuit j’ai reçu un texte, envoyé par un fils avec ce message : « Laurence, ma mère, a écrit ce livre, je le trouve beau mais elle a des difficultés à écrire ; pouvez-vous en faire quelque chose ? » Le texte est un mélange de souvenirs, de va-et-vient anarchiques d’une époque à l’autre, de descriptions lumineuses et de phrases incompréhensibles, truffées de fautes énormes. Pourtant il me plaît immédiatement, car il possède un élan et une énergie rares. J’abandonne tous mes travaux en cours pour me mettre à l’ouvrage et tenter de réécrire quelques phrases. Ce premier travail enthousiasme le fils, qui me prie de continuer.

Quand la dyslexie libère l’écriture

Laurence est une dyslexique qui n’a pas été soignée lorsqu’elle était enfant. Brimée à l’école, elle n’en est pas moins écrivain et a cultivé une écriture secrète et rien qu’à elle. Elle écrit comme on joue du free-jazz : c’est beau et libre, ça s’émancipe des règles, c’est plein de souffle et de rythme, ça envoûte parfois, ça dérange souvent, c’est opaque et traversé d’éclairs…

Patience et respect

La tâche qui m’incombe est délicate et exigeante, et requiert un respect et une patience infinis. Il faut extraire chaque phrase de sa gangue sans en trahir l’esprit, sans perdre la vitalité et le goût d’enfance qu’elle renferme. J’ai adoré permettre à ce texte d’advenir, j’ai aimé lui donner de la puissance et de la permanence. Laurence est en train d’écrire son deuxième livre ; je l’attends avec impatience…

photo @melissa.askew