
Romane Lescaut
Écrire un livre en chemin
Passer par l’écrit peut être une source d’apaisement ou une façon d’ancrer un nouveau départ. Alors, l’édition n’est plus la finalité, c’est le chemin parcouru pour poser les mots et les maux sur le papier qui est le plus important, avec ou sans point final.
C’est ce qui m’a été donné de vivre lors de la première biographie que j’ai été amenée à écrire : celle d’une jeune fille d’un peu plus de18 ans. Après un premier contact par mail et un appel téléphonique, nous nous sommes rencontrées à la terrasse d’un café non loin de chez elle. Elle avait commencé à écrire par bribes, mais elle n’arrivait pas à ordonner ses idées. Comme je le pressentais, son passé était lourd. Nous avions besoin de nous sentir en confiance pour envisager notre collaboration, alors, nous nous sommes dévoilées un peu plus l’une à l’autre.
Je souhaitais également clarifier le fait que je n’étais pas thérapeute et que mon rôle serait de transcrire son vécu, ses ressentis, pas de les analyser.
Au bout d’un peu plus d’une heure d’échange, nous nous sommes séparées en nous fixant un premier rendez-vous.
Des mots sur les maux
Au fil de nos rencontres, cette jeune fille m’a confié son parcours de vie. La vie l’avait séparée de sa famille, ballotée entre univers hospitaliers, foyers d’accueil… mais elle avait su trouver la force de surmonter les épreuves. Forte de ses expériences, elle souhaitait clore ce chapitre, tourner la page.
Chronologiquement, elle a revisité toutes les difficultés qu’elle avait dû dépasser, comment elle les avait surmontées et ce qu’elle en avait appris. Les souvenirs étaient souvent douloureux. Les évoquer lui permettait, étape par étape, événement par événement, de les ranger pour refermer chaque blessure.
Un récit suspendu
Nos rendez-vous se sont échelonnés dans le temps, s’adaptant à son rythme. Une fois la boucle bouclée, à ses 20 ans, les rendez-vous se sont arrêtés. Les écrits sont restés en l’état, sans titre, sans table des matières, sans préface… Elle est passée au chapitre suivant de sa vie. Peut-être me contactera-t-elle un jour pour écrire l’épilogue de son histoire, c’est elle qui en décidera !