Christophe Tézier biographe Nantes


Christophe Tézier

La rencontre

Séparateur

Voilà un titre de chapitre récurrent et attendu des lecteurs dans tout récit de vie familiale. Où, à quelle occasion, grâce à qui… un futur couple s’est croisé pour la première fois ? Séquence émotion garantie.

Dans quelles circonstances le narrateur ou/et la narratrice a-t-il, a-t-elle, fait connaissance avec celle ou celui qui bientôt partagera son quotidien ? La question intrigue, suscite curiosité, envie d’en savoir plus… Pour les enfants et proches, c’est souvent une découverte. Ils n’ont parfois que de vagues détail sur « ce jour où tout a commencé… ». Par pudeur ? Parce que le sujet n’est jamais venu sur le tapis lors d’un déjeuner familial ? Parce que les années ont passé… Ils sont preneurs d’infos…

Ainsi pour le biographe qui accompagne un couple dans son livre de souvenirs, relater cet « instant de vie » est toujours un régal. D’autant que les deux intéressés ont fréquemment une version différente de ce premier échange ou simple regard. Il arrive qu’ils n’aient pas immédiatement éprouvé le même ressenti… S’ensuit généralement une abondance d’anecdotes sans cesse renchéries – « Et tu te souviens… » ; « Mais non, ce n’était pas là… » –, de précisions savoureuses, voire romanesques.

Comment ne pas s’émouvoir à entendre cette femme se confier sur son unique amour, ce soldat brièvement croisé dans une exposition parisienne à la veille de son départ pour l’Indochine ? Sans raison évidente, ils avaient immédiatement noué une relation épistolaire, des dizaines de lettres entre les rizières du Tonkin et le quartier Latin pendant… trente mois ! Trois semaines après son retour en métropole, ils se mariaient. Quelque temps plus tard, sa mort en opération avait fracassé une poignée d’années de bonheur.

Comment ne pas rire à écouter cet octogénaire raconter que, demandant en mariage la jeune fille dont il avait fait la connaissance seulement deux jours auparavant, elle lui avait répondu : « Je suis d’accord. Mais maintenant, vous me ramenez chez moi. Je suis fatiguée. » ? Il l’avait épousée dans l’année. Elle était toujours sa femme.

Et ces deux agriculteurs retraités : élevés dans deux fermes voisines, ils avaient, après la classe, l’habitude de rentrer ensemble les vaches. C’est en chemin que les deux enfants avaient envisagé de fonder une famille « lorsque nous serons grands ». Un vœu exaucé sitôt la formation ménagère et le service militaire terminés.

À quoi tient l’engagement d’une vie !