Anastasia Rousseau
Quand l’Histoire de vie du narrateur résonne avec celle de son biographe, l’effet miroir
Il y a des histoires bouleversantes que les Compagnons biographes écoutent et écrivent avec passion, et qui parfois nous renvoient à notre propre vécu. Lorsque les narrateurs se mettent en quête de leur futur biographe, ils choisissent parfois instinctivement LE biographe qui leur ressemble, comme un prolongement d’eux-mêmes. C’est le début d’un lien invisible et inconscient.
D’un être humain à un autre
Être biographe, c’est écouter et mettre en mots la mémoire et les parcours de vie d’autrui. C’est s’effacer pour laisser place à l’histoire du narrateur, être un passeur humble et discret. Pourtant, il arrive que certaines histoires viennent frapper à la porte de notre propre vécu, réveillant en nous des émotions profondes, des blessures ou encore des échos familiers.
Quand un récit fait miroir, le biographe ne peut pas être une simple plume neutre. L’histoire qu’il écrit devient un peu la sienne. Des mots bien pesés pour raconter les mêmes maux. Ces instants de résonance sont parfois bouleversants. Ils nous rappellent que nous ne sommes pas de simples scribes, mais des témoins parfois très impliqués émotionnellement, à raconter une histoire qui n’est pas la nôtre mais pourrait bien l’être, comme un miroir tendu vers nos propres fragilités.
La résilience comme point de convergence universel
Ces résonances ne sont pas un obstacle, elles nous rappellent pourquoi nous faisons ce métier. Elles nous ancrent dans notre humanité et nous permettent d’écrire avec une sincérité vibrante. Car c’est aussi cela, être biographe : recevoir l’histoire d’un autre et, parfois, y entendre en filigrane des fragments de notre propre histoire. Avec chaque récit, nous apprenons, nous grandissons, nous nous laissons toucher voire chambouler, et c’est peut-être dans cette sensibilité que réside la plus belle part de notre travail.
La résilience du narrateur et celle du biographe se rejoignent alors, tissant un lien invisible mais puissant entre celui qui raconte et celui qui écrit. Ce lien ne se limite pas à un simple échange de mots : il devient une transmission d’espoir, un hommage à la capacité infinie de l’humain à se reconstruire.
L’écriture thérapeutique à quatre mains
L’écriture à quatre mains entre le biographe et le narrateur dépasse la simple transmission d’un récit de vie : elle devient un espace de transformations réciproques. Pour le narrateur, mettre son histoire en mots permet de donner du sens à son vécu, d’apaiser certaines blessures ou de se réapproprier son parcours. Pour le biographe, l’écoute active et la reformulation ouvrent une résonance intime qui enrichit sa propre humanité. Cette dynamique repose sur la magie de la relation narrative, où la confiance et la co-construction du récit créent un espace bienveillant propice à la libération et à la mise en lumière des chemins de résilience.
La mémoire dans la peau
La mémoire dans la peau, c’est mon nom totémique. S’il vous parle, c’est peut-être que nous nous comprenons déjà et que nous nous ressemblons un peu.