Fabienne Soulard biographe Paris


Fabienne Soulard

Quand un reportage de l’ORTF réveille les souvenirs de Colette

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Les reportages et les articles de presse sont des outils que les biographes peuvent utiliser pour enrichir les récits de vie. Quand ils servent de supports à la mémoire, ils permettent de faire émerger des émotions et de ressusciter des histoires.

Colette, qui vient du monde rural, est devenue ouvrière dans une usine agroalimentaire à la fin des années soixante. Lors de notre première rencontre, elle me raconte une grève de son usine : « Ma première ! Vous savez, à cette époque-là, on ne manifestait pas chez les paysans. La télévision est même venue et nous a filmés. On a regardé le reportage avec mes parents qui étaient contre cette grève. » Colette est émue, c’est un moment important pour elle.

À la recherche d’archives

Ma curiosité est piquée, et, de retour à mon bureau, je me lance dans des recherches sur cette grève et sur l’histoire de l’implantation de cette usine. Je retrouve mes réflexes de journaliste, mon métier d’avant : je fouille la presse locale de l’époque pour dénicher des articles sur la grève à laquelle a participé Colette. Avec mes codes d’accès aux archives de l’INA (Institut national de l’audiovisuel), je me lance dans la quête de l’éventuel reportage sur cette grève. Hourra, je trouve ! Merci la numérisation des archives.

Pour raviver la mémoire

Lors de l’entretien suivant, Colette découvre avec joie les images du reportage. Elle se reconnait au milieu de ses collègues grévistes : « C’est grâce à cette grève que je me suis rendu compte que je pouvais changer les choses, que je pouvais me prendre en main. Quand on vient du monde rural où on supporte tout, ce n’est pas rien. » Des souvenirs oubliés reviennent, elle réalise que ce travail d’ouvrière, aussi peu valorisé soit-il, lui a permis d’être actrice de sa vie. Ce reportage, tourné il y a cinquantaine d’années, permet à Colette d’étoffer sa biographie, pour le futur plaisir de ses lecteurs.