Pascale Buet et Fabienne Soulard
Retour sur : Les Assises de la biographie (2/2)
Second volet des retours des Compagnons biographes sur les Assises de la Biographie : Pascale Buet, en tant que participante, et Fabienne Soulard, au titre de formatrice Aleph Écriture, intervenante et modératrice d’ateliers, nous livrent leur ressenti sur ces deux jours de rencontres enrichissantes entre professionnels.
Une première prometteuse
Ces premières Assises de la Biographie ont couvert, me semble-t-il, l’ensemble des sujets professionnels des biographes, sans les épuiser, qu’ils concernent les savoir-faire d’écriture, d’entretien, de relation aux narrateurs… avec des questionnements, comme l’apport des outils d’Intelligence Artificielle. Des apports éclairants, celui de la sociologue Elsa Ramos sur les Enjeux sociétaux de la biographie, le témoignage d’Anne Berest sur sa pratique de biographe et son mystérieux questionnaire, complétaient des tables rondes constamment enrichies par des échanges d’expérience entre professionnels.
On en ressort en appétit, avec l’envie d’approfondir certains sujets, imaginant un rendez-vous annuel nourrissant l’évolution de nos pratiques, avec pourquoi pas, des témoignages de narrateurs.
Pascale Buet
Écrire la biographie d’un proche quand on est biographe
J’ai animé un atelier sur cette thématique lors des Assises de la Biographie, organisées par Aleph-Écriture. Une exploration passionnante, avec quatre biographes qui ont toutes écrit sur un proche, leur père, leur mère ou leur oncle. « Ce n’est pas neutre d’écrire pour un proche, car en plus d’être biographe, débutant ou confirmé, on est à la fois fille de, fils de, neveu ou nièce de, et on a aussi une place dans la fratrie », a expliqué l’une d’elles. Ces liens, qui pourraient simplifier l’enquête familiale, au contraire la complexifient !
Quelle angoisse quand le proche ne veut pas relire les textes en cours, mais seulement à la fin ! Comment réagir quand celui-ci tient des propos qui ne plaisent pas, comme des pensées misogynes, et qui égratignent l’image qu’on se faisait du proche ? Que dire à des tiers, un frère ou une sœur, qui se mêlent du projet et ne sont pas d’accord avec ce qui est écrit ?
Si « on ne sait pas où les entretiens et l’écriture vont nous mener quand on commence », toutes les quatre ont affirmé lors de l’atelier qu’elles n’ont jamais regretté de s’être lancées, car les bénéfices sont précieux. Elles ont évoqué le regard apaisé sur un parcours de vie et la transmission d’un héritage précieux pour leur famille. Mais aussi une autre relation, sans doute plus forte, qui a été instaurée entre le proche et son biographe. L’aspect professionnel de l’expérience a également compté : avoir vécu de l’intérieur ce que nos commanditaires traversent quand ces derniers nous demandent d’écrire la vie d’un de leur proche a été très formateur.
Le conseil de nos quatre biographes : n’hésitez pas à vous lancer dans un tel projet, mais soyez clairs sur le cadre posé entre tous les acteurs !
Fabienne Soulard